En première page du CANARD ENCHAINE, journal satirique qui paraît le mercredi, donc aujourd'hui, on trouve un dessin de Ségolène Royal qui brandit à un public exclusivement féminin (pourquoi ?) une revue de presse où Jospin est en pleurs.
La légende est la suivante : Pourrait-on confier LE BOUTON de la force de frappe à un homme aussi fragile ?.
En parlant de bouton, j'en ai un sur le nez qui revient tous les étés, fin août / début septembre.
Vu mon âge respectable, il ne peut s'agir d'un bouton d'acné.
Alors, le soleil ? Peut-être...
J'ai bien essayé de le tripatouiller, j'ai mis de la pommade, nettoyé à l'alcool, rien n'y fait, cette excroissance récurrente et disgracieuse fleurit tous les ans.
Cette fois-çi, je vais utiliser ma force de frappe pour appuyer très fort dessus, après tout ce ne sera pas la fin du monde...
Je me souviens encore de l'épicière du coin quand j'atteignais tout juste le comptoir en me hissant sur la pointe des pieds, qui distribuait le bonheur, centime par centime, sous forme de roudoudous, de bâtons de réglisse ou de coco-boer...
Et ces fameux mistral gagnants qu'on déchirait maladroitement dans l'espoir de lire le mot magique : GAGNE !...
Je ne me rappelle plus très bien par contre des friandises de mon adolescence, à croire que les sucreries n'ont plus d'intérêt à cet âge là... puis je suis devenu un papa très occupé, trop occupé, et je ne me suis pas demandé si ma fille avait elle aussi connu l'épicière du coin ...tout juste j'ai dû entendre parler de carambars, de malabars et de nounours en gélatine...
Alors toi ma Juju, qui va bientôt avoir 4 ans, spécialiste des Kinder et autres Chupa Chups, si tu veux un jour t'asseoir avec moi sur un banc, je te raconterais l'histoire des mistral gagnants, à la façon de RENAUD. A moins que tu ne préfères que je t'amène au Musée du Bonbon à UZES...
...m'asseoir sur un banc 5 mn avec toi et regarder passer les gens, marcher sous la pluie et sauter dans les flaques d'eau, te parler de ta mère un petit peu, regarder le soleil qui s'en va, entendre ton rire s'envoler aussi haut que s'envolent les cris des oiseaux, te dire que les princesses rencontrent toujours leurs princes charmants, qu'il faut bien travailler à l'école et pas taper les copines, te raconter qu'il faut aimer la vie même si elle n'est pas toujours facile...
Je suis assis, bien sagement, les mains posées négligemment sur les genoux, quelqu'un à ma droite, quelqu'un à ma gauche...le rang d'en façe a l'air bien garni lui aussi...
Bruits de chaises, chuchotements, toussotements, quelques rires...
Je n'ai pas envie de parler...d'ailleurs la règle ici c'est le silence...
Je parcours la salle des yeux : « ...tiens, Untel, il a oublié de cirer ses souliers, il a dû venir directement de son chantier....Ah, Machin, il y avait longtemps que je ne l'avais pas vu, il est bien pâle...Sourire rendu à mon voisin de gauche, je le trouve très con...mais je ne le lui dirais pas...d'ailleurs il pense peut-être la même chose de moi....en plus, elle est ridicule sa cravate... »
Les murmures s'estompent...Le temps s'arrête...
Et la musique démarre, doucement, onctueusement....elle se faufile entre les pavés mosaïques et s'élève jusqu'à la voûte étoilée...elle passe directement dans mes veines, je la bois, elle m'enivre, elle me calme...mon coeur se vide, mon esprit flotte, je ne pense plus à rien et, oui, j'ose le dire : c'est le moment que je préfère...enfin, que je préfèrais...
Quelques uns n'aiment pas la musique, ils la trouvent inutile, leurs paupières se font vite lourdes....mais je les soupconne de ne dormir que d'un oeil...
Les notes s'envolent, se poursuivent et se rattrapent pour donner une harmonie parfaite ...ce n'est pas beau, c'est "plannant"...
Mais la musique n'est qu'une entrée et le grand chef, sur son estrade, a envie d'entamer l'ordre du jour : dommage je me serais bien passé du plat de résistance ce soir !...
Bien sûr, ce n'est pas de Brahms qu'il s'agit, c'eut été trop facile !
Qui me donnera le nom du compositeur et le morceau interprété?
Le 21 Septembre 2001 une terrible explosion a secoué la Ville de Toulouse et sa banlieue et de nombreux immeubles et maisons ont été détruits.
Certaines rues proches du lieu du sinistre ont été particulièrement touchées, notamment la rue Bernadette qui à vol d'oiseau devait se situer à moins de 300 mètres du site d'AZF.
Depuis les travaux de reconstruction ont repris, les maisons ont été réparées ou reconstruites sauf...un petit bassin à poisson qui était construit dans un jardin complètement dévasté...Les propriétaires n'ont pas souhaité revenir sur les lieux et ont donc cherché des parents adoptifs pour leurs petites bêtes rouges à nageoires.
Le hasard a voulu que j'avais construit un bassin, dans le style de ma région avec des briques et des galets, et que donc je cherchais quelques locataires...
Au début je ne savais pas comment ils allaient se comporter, traumatisés sûrement par l'explosion et les ondes de choc...Allaient-ils être sourds ou aveugles? Allaient-ils devenir fous? Se manger entre eux? J'avoue que je n'avais aucune idée sur la vie et les moeurs des poissons rouges et sur leur résistance à un tel séisme.
Quelques uns ont fait la planche, d'autres ont mué, mais la plupart ont résisté et se sont même reproduits...en tous cas ils ont toujours beaucoup d'appétit et semblent apprécier leur deuxième vie...